7 mercenaires dans le Loiret

Je leur avais souvent parlé de Griselles, petit village du Loiret. Je leur avais parfois conté l’histoire d’une longère posée élégamment près d’une rivière dénommée Cléry, aussi paisible que son nom. Je leur avais promis de nous y rendre et d’y faire une halte suffisante pour qu’ils puissent apprécier et comprendre pour quelle raison j’étais tombé amoureux de ce petit paradis. Dans la relative douceur de ce matin aoutien, c’est donc un peloton composé de sept personnages disparates qui partirent témoigner que j’avais sans aucun doute raison. Néanmoins, c’est au son du canon que la commune de Chartrettes se réveilla par la faute d’une chambre à air qui se voulait plus grosse que le pneu. Ce court incident n’empêcha pas nos concurrents de poursuivre le périple en direction du sud même si Saint Mammes, encombré de bateaux, ressemblait davantage à un ouest bretonnant. De zig en zag, de pentes en descentes, nos joyeux gaillards arrivèrent au lieu dit afin de saluer les heureux propriétaires tout en rafraichissant leur gosier desséché par un abus de paroles. C’est ainsi qu’ils découvrirent que je ne m’étais pas trompé concernant cet éden Loirétain. Il était temps d’aller se restaurer, nous étions morts de faim et en ces douloureuses circonstances quoi de mieux qu’une crêpe accompagnée d’une bière. Nous supposions que l’après midi serait chaude, elle le fut au-delà de notre inespérance. L’œil gauche rivé sur notre GPS, l’œil droit surveillant l’éventuel panneau « cimetière », c’est ainsi qu’à Larchant nos gourdes se remplirent. Poussé allègrement par un fort vent sudiste notre peloton n’avait qu’une envie, celle de s’inviter à la terrasse d’un estaminet repéré à l’orée de la forêt bellifontaine où quelques gouttes de pluie se mêlèrent à celles de notre légitime sueur. La balade allait s’achever alors que le soleil réapparaissait pour nous offrir gratuitement une dernière couche de bronzage. En cette fin d’après midi notre nostalgie du voyage reprenait son cours, nous n’avions qu’une envie : recommencer.

20 aout 2020. J.Louis Savarin