Il fallait juste attendre que le printemps revienne, être patient pour retrouver le bonheur de pédaler un peu plus loin que d’habitude. Nous sommes donc partis vers l’est par les plaines et les vallées Briardes parsemées de villages sagement blottis au pied de leur clocher. C’est ainsi qu’à Touquin nous nous sommes posés en terrasse afin d’y déguster de purs arabicas. En repartant gonflés par un surplus de caféine nous savions déjà que les choses sérieuses qui se profilaient seraient quelque peu adoucies. De la vallée de l’Aubetin à celle du Grand Morin, les difficultés s’enchainèrent seulement allégées par la beauté des paysages dont les nuances de vert se partageaient et se disputaient le décor. En pénétrant dans Crécy la Chapelle Il était presque midi. Entre nos pneus surchauffés et nos boyaux asséchés il était urgent de reposer nos caoutchoucs. Fallait-il être jardinier pour se restaurer au Saint Fiacre ou simplement comédien pour s’inviter chez un brasseur ? Quoiqu’il en soit, entre un plat de charcuterie et une bière artisanale, la dégustation fut parfaite. En ce début d’après midi les deux dernières côtes furent avalées lentement avant de rejoindre quelques parties boisées qui nous permirent d’atteindre raisonnablement Fontenay Trésigny pour se poser à la terrasse ombragée d’un établissement où s’était réfugié il y a bien longtemps un Michel Polnareff barbu et bedonnant. Après tant de nostalgie nous avions l’âme câline et le besoin de savoir sous qu’elle étoile étions-nous nés ? Nous sommes repartis les paupières quelque peu alourdies par les effluves de houblon mais suffisamment lucides pour se délecter des ruines du château du Vivier. Cependant il fallait poursuivre pour terminer cette première longue sortie. Nous nous sommes séparés aux abords de nos différentes demeures en pensant déjà à la prochaine épopée, aux longues journées qui nous attendent mais surtout à l’espérance de se revoir bientôt.
28 mai 2021. Jean-Louis Savarin
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