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Bonaguil ma belle aiguille.

Photo du rédacteur: clubcvc77clubcvc77

Comme bien souvent au printemps je n’ai pas attendu que le soleil se lève. Ainsi, suis-je parti pour ce petit périple qui allait m’amener aux confins de mon département. Si la première des nombreuses côtes m’apportait un semblant de tiédeur, il n’en fut rien dans sa descente et son souffle d’air frais sur des mollets sortant à peine d’une hibernation prolongée. La campagne s’éveillait et seul le bruit rythmé de ma mécanique se mélangeait aux chants des oiseaux agglutinés sur les branches des arbres encore dénudés. De villages en villages, par monts et par vaux, je retrouvais quelques moments d’enfance enfouis et conservés précieusement au fond de ma mémoire. Délaissant le tobogan des collines, j’entrais enfin dans la vallée du Lot dont sa délicatesse m’accordait un semblant de repos, me permettant ainsi d’augmenter le nombre de coup de pédale à la minute. En traversant Fumel je retrouvais une petite ville, sa friche industrielle devenue un lieu de mémoire pour des outils fabriqués aujourd’hui dans des contrées orientales. Un peu plus loin, ma route s’infiltrait à travers des garennes laissant place parfois à des pairies où broutaient des moutons. La prudence m’imposait de ne pas les compter au risque de finir dans les bras de Morphée. Je n’avais qu’une hâte : retrouver « mon » château. Enfin, il apparut au détour d’un virage. Blotti dans sa vallée, majestueusement éclairé par la douceur des rayons d’un soleil printanier. Je n’ai pas bougé, afin d’apercevoir, comme dans mon enfance, le baron Bérenger de Roquefeuil du haut de son donjon. Soulagé, j’ai quitté Bonaguil en retrouvant plus loin les bords de la grande rivière, m’accordant un instant de répit, juste pour admirer le reflet de Puy-l’Evêque dans ses eaux calmes et limpides. Un peu plus loin j’épousais fidèlement les méandres, mais comme dans de nombreuses relations je me voyais contraint, à l’amiable, de quitter l’univers aquatique. En pénétrant dans le Quercy Blanc, un autre paysage s’offrait à ma chevauchée. Un mélange de vignes et de bosquets emplis de chênes faméliques luttant depuis toujours avec le sol caillouteux. Aux alentours de midi, j’ai sorti ma pitance sur le banc de la place d’un village dont la vue s’étendait au-delà des frontières départementales. Grand seigneur, c’était le jour, j’ai volontairement laissé quelques miettes aux oiseaux qui comme moi n’étaient que de passage. Désormais, un léger vent d’autan m’apportait un relatif confort, même si je devais encore faire un saute-mouton pour atteindre mon village natal. Alors que la nuit tombe, j’éprouve le besoin de retrouver Bonaguil, traduit en occitan par bonne aiguille dans laquelle depuis toujours s’insère le fil de mes pensées.


Jean-Louis Savarin


23 mars 2023




 
 
 

2 comentarios


Invitado
08 abr 2023

Super jean louis ! Ça donne envie ! J ai hâte de me remettre en selle pour partager avec le groupe route de cesson une sortie un dimanche matin 😉

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Invitado
07 abr 2023

Merci pour cette journée passée sur ta bicyclette. C'est un plaisir de te lire et d admirer tes photos. Tu nous transmets un plaisir d aller visiter ta région. Tu te dois organiser un voyage de Cesson à Bonaguil.Encor merci pour ta passion. On reconnaît le vrai CYCLO-TOURISTE..amitiés 😉🚲🚖

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