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Photo du rédacteurclubcvc77

De la source de la Séoune aux méandres du Lot.

La nuit vient à peine de s’achever alors que quelques brumes tentent de s’échapper du ruisseau dont je remonte le cours d’eau. Tout est calme et apaisant alors que je m’élève lentement vers le sommet de la colline où seuls quelques cocoricos parviennent à mes oreilles. Arrivé sur la crête, j’aperçois dans le lointain la montagne inaccessible en cette saison qui hésite entre fin d’hiver et début de printemps. Face à moi, un horizon rougeâtre me garantit une belle journée. De ci de là, certains arbres offrent encore leur squelette décharné, impatients comme moi, de retrouver leur parure estivale. Je retrouve une vallée en même temps qu’une harmonieuse pédalée. Désormais je longe la Séoune dont les eaux s’écoulent doucement vers la Garonne. Ma route suit fidèlement son cours parsemé de moulins dont les meuniers ont disparu, endormis à tout jamais à l’ombre de leur meule en silex. La vallée se resserre, le cours d’eau se rétrécit et son mince filet m’impose une halte près d’une source qui jaillit des entrailles caillouteuses de la terre quercynoise. En quittant la vallée je retrouve un plateau où un petit village sommeille sous un timide soleil. Au petit bar de la bourgade, des arômes caféinées m’invitent à marquer une courte pause avant de plonger vers la vallée du Lot. Edifié en plein centre d’un méandre, Luzech désoriente ses visiteurs qui ne peuvent choisir entre une rive droite et une rive gauche d’égale harmonie. En quittant le village, la vallée s’élargit laissant suffisamment de place aux plantations arboricoles dont le noyer impose sa souveraineté. C’est aussi pour elle que j’ai conçu mon périple, je l’aperçois enfin sur son perchoir. Belaye a fière allure, elle me tend ses bras, moi je lui tends mes jambes. C’est une route étroite et en colimaçon qui s’enroule en prenant possession de la colline sur laquelle est posé le village. Dans un dernier souffle j’aperçois une place encombrée de maroniers. Je me pause et me repose, alors que mon regard divague vers la plaine. Le village est désert, des tables et des chaises attendent les éventuels visiteurs. Je profite grandement de l’instant pour manger et enlever les couches qui m’ont permis de supporter la fraicheur matinale. J’aimerais somnoler, profiter de ces instants de bonheur mais je dois repartir, redescendre dans la plaine, enjamber d’autres collines en les savourant comme des tranches de ce pain frais où la croute est aussi tendre que la mie. Je continue ma route en remplissant parfois ma gourde à l’eau claire des fontaines qui jalonnent mon parcours. J’ai envie de freiner pour ralentir ma course et faire durer le plaisir. Ce soir, rien ne m’empêchera de rêver.

 

Jean-Louis Savarin            

4 avril 2024

 




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